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IBANDA KABAKA ONLINE
17 mai 2015

Le royaume du Congo aux 15ème-16ème siècle

Ibrahima Baba Kake et le professeur Elikia M'Bokolo nous expliquent les débuts de la traite portugaise au Congo. Très instructif. Ca répond d'ailleurs à la "Grande Gueule" bourguignonne qui affirmait dans le reportage Diaspora que les Européens n'avait jamais ni chassé des esclaves en Afrique ni mis les pieds avec des armes. On voit très bien ici comment les Portugais imposent leur puissance militaire, diplomatique et politique, envoient des centaines d'hommes armés pour attaquer des opposants à l'intérieur même du pays, imposent des souverains etc. Le texte est sans doute reproduit à partir d'un livre, d'où les nombreuses fautes de frappe que l'on constate.
  
Kahm Piankhy 




Ibrahima BABA KAKE & Elikia M’BOKOLO 
CHAPITRE PREMIER 

 

L’ANCIEN ROYAUME DU CONGO

 

A la fin du XVe siècle, au moment où la côte atlantique dAfrique allait entrer en contact avec l'Europe, le royaume du Congo était l'édifice politique et social le plus puissant et le mieux structuré de l'Afrique centrale. Ce contact avec l'Europe devait être fatal : alors que les rois du Congo désiraient une « coopération > sur un pied d'égalité, les Portugais cherchèrent et réussirent à déstructurer le royaume pour le placer sous leur domination. Le Congo : des origines jusqu'à l'arrivée des Européens



Issu d'alliances et de conquêtes, le Congo naquit au XIVe siècle sur le plateau où, plus tard, s'élèvera la ville de Mbanza Kongo. Le clan Nsaku Vunda détenait alors les pouvoirs spirituels du pays et son chef, le Mani, était reconnu comme prêtre de la terre. Ntimu Wene, conquérant issu d'une chefferie voisine, organisa le Congo en un royaume extrêmement centralisé. Plus tard, certains auteurs européens attribueront cette organisation à l'influence portugaise. Cette thèse, cependant, s'avérera rapidement erronée dans la mesure où la structure du Congo se retrouvait également dans d'autres pays africains, et ce à la même époque. En fait, il semble que les Portugais se soient directement inspirés de la centralisation congolaise pour administrer l'Angola.


Au XVe siècle, le pouvoir se transmettait par la mère. L'organisation politique reposait sur les villages, puis sur les districts et les provinces. Au sommet de la hiérarchie se trouvait le Mani Congo, détenteur du pouvoir central.
Le Mani Congo nommait les gouverneurs des six provinces qui composaient le Congo : Soyo (écrit parfois Sohio), Mpemba, Mbanba, Mpangu, Mbata, Nsundi; les responsables des districts, quant à eux, relevaient tantôt du pouvoir central, tantôt du pouvoir régional. Les provinces comme les districts disposaient d'une relative autonomie militaire : en cas de guerre, les hommes valides étaient appelés par les gouverneurs et non par le Mani Congo, qui ne disposait d'aucune armée permanente; sa garde personnelle était composée d'esclaves; à partir de 1575, elle compta aussi un corps d'arquebusiers.
Une fois par an, les fonctionnaires du royaume apportaient leur tribut (tissus, vierges, captifs et produits des taxes et amendes) au Mani Congo, qui, à cette occasion, renouvelait ou annulait les pouvoirs de ses subordonnés.
Entre le XVe et le XVIe siècle, le Mani Congo était donc la clé de voûte d'un système aussi hiérarchisé que centralisé; la force ou la faiblesse de l'État dépendait directement de lui. Son autorité s'appuyait sur plusieurs éléments dont le plus important, assurément, venait du rôle religieux hérité du clan Nsaku Vunda. Ce pouvoir spirituel, cependant, fut rapidement mis en question par la diffusion du christianisme, religion à laquelle se convertirent nombre de dignitaires congolais.


Sans doute la centralisation financière constitua‑t‑elle également l'un des piliers de la force du Mani Congo, qui contrôlait d'une manière absolue sa monnaie, un coquillage nommé nzimbu que l'on trouvait principalement dans les pêcheries royales de Fîle de Luanda. Cela explique sans doute la richesse de Mbanza Kongo et la magnificence de sa cour. dont. par ailleurs. le rituel était très strict. Chaque jour. le Mani Congo conviait un certain nombre de notables à un repas cérémoniel où l'on mangeait des haricots bouillis, de la viande et du mil. le tout assaisonné d'huile de palme. Après le banquet, les invités étaient introduits auprès du roi et. tombant à genoux, battaient des mains et secouaient la tête en signe de reconnaissance et de soumission. Après, ils rentraient chez eux. Ainsi, quotidiennement, se reproduisait un véritable rituel d'allégeance.


Le Mani Congo était élu parmi les membres du clan directement issu de la lignée de Ntimu Wene. De cette manière se reproduisait l'ancienne hiérarchie religieuse et militaire. L'avènement d'une nouvelle aristocratie aurait entraîné des troubles au sein du royaume.
Le Mani Congo octroyait des gratifications à ses subordonnés; ceux‑ci dépendaient donc directement du bon vouloir de leur souverain. Étant donné que les intermédiaires étaient nommés par le Mani Congo lui‑même, les responsables des provinces et des districts, comme les prétendants aux pouvoirs locaux, avaient tout intérêt à obéir au chef suprême dont ils espéraient soit un renouvellement de poste, soit une charge. En fait, tout passait par la cour, et la fonction commerciale elle‑même, qui peu à peu se développa, n'aurait pu exister si la circulation des biens n'avait été directement encouragée par le Mani Congo. Avec l'apparition de cette fonction commerciale, la société congolaise se diversifia. Cependant, les assises du pouvoir étaient suffisamment solides pour ne pas se trouver ébranlées par les changements issus de l'augmentation des transactions financières; le rôle religieux du Mani Congo n'en fut pas remis en question. et son propre clan continua de le soutenir. La polygynie, qui permettait au souverain, soit directement, soit par l'intermédiaire des membres de sa lignée, de tisser le réseau d'alliances nécessaire, perpétua la tradition. Dans ce contexte, la circulation des richesses, loin de menacer une société congolaise en lente mutation, fut un instrument supplémentaire entre les mains d'un souverain qui, en plus de ses autres pouvoirs, disposait du monopole monétaire.
A la fin du xve siècle, un événement majeur allait bouleverser la vie du Congo : l'arrivée des Européens.


Les Portugais au Congo

La venue des Européens en terre congolaise provoqua la confrontation de deux cultures et de deux modes d'existence. L'histoire, brusquement, s'accéléra et prit un tournant décisif.
« Les Portugais arrivèrent dans la mer de Sohio. Les Noirs de Sohio, voyant la nouveauté des navires, sans savoir quelle chose cela était, commencèrent à crier avec des signes d'admiration. [ ... ). Les Portugais s'avancèrent davantage, et, voyant le passage libre sur la plage, ils commencèrent à débarquer. » Les navigateurs s'emparèrent de quelques enfants qu'ils emmenèrent au Portugal. Là, « on leur enseigna la langue portugaise pour qu'ensuite, retournés à Sohio, ils pussent servir d'interprètes à leurs parents et compatriotes».
Les premières caravelles portugaises, celles de l'expédition de Diogo Câo, pénétrèrent au Congo en 1482. Trois ans plus tard, l'explorateur effectua un nouveau voyage au cours duquel il débarqua quatre missionnaires; en outre, il emmena au Portugal quatre nobles congolais avec lesquels il revint dès 1487. Cette date marque le début des contacts réels que nouèrent Portugais et Congolais.
Tandis que les Europ cris recensaient les ressources africaines. le vieux Mani Nzinga Nkuwu don d'ivoire et de tissus au roi Joâo Il du Portugal. il espérait. par ces cadeaux, accroître la richesse de son pays. Dans ce dessein, il demanda que fussent envoyés au Congo des missionnaires, des charpentiers et des maçons. Et c'est ainsi qu'en 1491 arrivèrent des explorateurs, des missionnaires et des artisans. Le Mani Congo et son entourage furent baptisés; dans la capitale du royaume, les Européens érigèrent une église.
Il va sans dire qu'une telle politique suscita des réactions hostiles de la part des milieux religieux traditionnels. Peu à peu, prenant conscience des risques qu'elle faisait courir à son royaume, le Mani Congo revint à des rites plus ancestraux. Ce retour en arrière témoigne de la vigueur des luttes menées par certaines couches de la société congolaise pour s'opposer à l'implantation européenne.
Plus tard, les partisans de la culture traditionnelle se heurtèrent à ceux qui préféraient la christianisation et la « modernisation » du Congo. Ces der niers, avec l'avènement d'Affonso Ier, imposèrent leurs vues.
« Affonso insista pour propager et consolider la foi dans son royaume, avec une ferveur d'esprit si grande qu'il n'épargna même pas sa mère. » Celle‑ci fut enterrée vive pour avoir persisté dans une pratique paganiste.
Ainsi, au début du XVIe siècle, les grands axes de la politique congolaise étaient tracés : christianisation et européanisation.

D'Affonso aux invasions jaga

Dans les premières années du xvie siècle, la coopération lusitano‑congolaise s'étend. Affonso demande à Lisbonne l'envoi de prêtres et d'artisans, ainsi qu'un soutien militaire. A partir de 1508, et grâce au développement des relations maritimes avec l'Afrique, les Portugais débarquent au Congo des artisans, des techniciens, des soldats, des maîtres d'école et des prêtres. En outre, un nombre croissant de jeunes Congolais partent étudier à Lisbonne (c'est ainsi que le couvent Saint Éloi des chanoines de Saint‑Jean‑l'Évangéliste reçut deux fils du roi Affonso, Henrique et Don Affonso). En échange, le Mani Congo offre aux Européens des esclaves.
Parvenu à Lisbonne en 1506, Henrique fut ordonné évêque et revint au Congo en 1521; quant à son frère, il demeura au Portugal, où il ouvrit une école publique.
Certains Congolais envoyés en Europe devinrent de bons latinistes et de bons théologiens. Mais la plupart d'entre eux déçurent leurs professeurs, et, en 1517, le roi Manuel du Portugal décida de suspendre l'admission des jeunes Congolais dans les écoles. Toutefois, Affonso, désireux d'enrichir son royaume, suggéra de châtier ces mauvais élèves plutôt que de les renvoyer. Il obtint gain de cause. C'est ainsi qu'en 1529 douze élèves furent acceptés au Portugal. Ce nombre témoigne de l'aspect élitaire de l'enseignement prodigué aux jeunes du Congo.

En 1509, le Mani Congo avait fait construire à Mbanza Kongo, baptisé Sào Salvador, la première école congolaise. Ses conceptions en matière d'éducation étaient rigides :

" Nous avons réuni, écrit‑il, tous nos frères, fils et neveux, ainsi que les fils de nos gens et serviteurs; ils étaient bien quatre cents hommes et quatre cents jeunes gens. Nous avons fait faire des palissades très hautes avec beaucoup d'épines au sommet pour qu'ils ne les sautent et ne s'enfuient pas. Ensuite. nous avons confié ces jeunes gens aux religieux pour qu'ils les enseignent"

A cette époque, l'éducation des filles n'était pas négligée. Plus tard, devant le manque d'enseignants, le roi du Congo fut obligé d'augmenter les effectifs des classes et d'introduire la mixité. S'il désapprouve  ces mesures, le roi Joâo III du Portugal. par une lettre écrite en 1529 au Mani Congo, exprima sa satisfaction à propos des méthodes d'enseignement pratiquées au Congo. Les appréciations portées par ce souverain paraissent montrer à quel point le Portugal s'intéressait à l'éducation des « nobles " congolais. En fait, on y considérait que la christianisation du Congo serait un élément déterminant pour l'encerclement du monde musulman et le contrôle du continent.


Au début du XVIe siècle, Affonso demanda au roi du Portugal de lui envoyer un représentant ayant pouvoir de juridiction sur les Portugais installés à Sâo Salvador. À la suite de quoi, en 1512, l'ambassadeur Simâo Da Silva partit pour le Congo. Cet homme était habilité à expulser d'Afrique les Portugais fauteurs de troubles... Les attributions de Simào Da Silva furent définies par un texte royal : le Regimento. À ce Regimento ‑ qui, entre autres, proposait à la cour congolaise l'adoption des rites et des emblèmes européens ‑ était joint un exemplaire du nouveau codex des lois portugaises. Conscient des résistances qui ne manqueraient de s'élever au sein de son royaume, Affonso refusa aussi bien le code que les propositions de réorganisation émanant des Européens. Finalement, il ne retiendra du Regimento que les principes généraux de la scolarisation, du soutien technique et du travail missionnaire : seuls ces éléments répondaient à sa politique. Le Regimento était assorti d'instructions secrètes destinées à l'ambassadeur du Portugal. Sur le plan militaire, Simào Da Silva ne devait s'engager que dans des opérations dont l'issue était certaine. Sur le plan économique, il lui était demandé d'obtenir du Mani Congo des esclaves. du cuivre et de l'ivoire. En outre, l'ambassadeur devait étudier les ressources offertes par le commerce congolais; mission lui était donnée d'organiser le monopole royal en supprimant tous les intermédiaires. Enfin, il était tenu de recueillir toute information concernant la politique et la géographie congolaises.

En réalité, Simâo Da Silva n'atteignit jamais le Congo : il fut retenu dans l'île de Sào Tomé, colonie portugaise dont les intérêts se trouvaient menacés par l'établissement de liens directs entre le Mani Congo et le souverain portugais; ce avait en effet le monopole de fait des relations commerciales avec la côte voisine d'Afrique. Les rapports entre Sâo Tomé et Lisbonne se compliquèrent rapidement. Le successeur de Simâo Da Silva, Alvaro Lopes, apprit à Affonso que Sào Tomé se refusait à reconnaître aux gens de Lisbonne un quelconque monopole sur la côte congolaise. Un peu plus tard, influencé par un prêtre à la solde de Sào Tomé, Affonso nomma un partisan de la colonie portugaise à la place d'Alvaro Lopes. Celui‑ci finit par assassiner son rival; en représailles, Affonso livra Lopes à Sào Tomé. remettant ainsi en question l'alliance souhaitée par le roi du Portugal. Les relations entre Sâo Salvador et Lisbonne ne tardèrent pas à se dégrader. Affonso demanda des bateaux, que les Portugais refusèrent de livrer. Par la loi générale de 1519, Lisbonne réaffirma le monopole des embarcations nationales sur les exportations en provenance du Congo : il n'était pas question d'accorder à Affonso des moyens qui auraient pu lui permettre, plus tard, de s'émanciper.

À partir de 1520, le Portugal essaya d'empêcher toute relation entre le Congo et d'autres nations. Un bateau français fut capturé à Mpinda, port congolais; en outre, le souverain de Lisbonne interdit à Affonso d'employer sur ses terres des Europeens autres que Portugais. Plus tard, une première fois en 1532, une seconde en 1537, quand les ambassadeurs du Congo partiront vers Rome, ils seront bloqués à Lisbonne.

Parallèlement à ces conflits ouverts ou larvés, le commerce des esclaves se développait. Dans la première décennie du XVIe siècle, les transactions atteignirent une telle importance que les structures politiques internes du royaume furent menacées. De v ant un risque grandissant, Affonso écrivit une lettre au roi du Portugal (1514) : « Il y a des commerçants dans chaque coin du pays. Ils le mènent à la ruine. Chaque jour, des gens sont réduits en esclavage et capturés, même des nobles, même des membres de la propre famille du roi. »

De fait, pour nourrir le marché, les Congolais eux‑mêmes, profitant des guerres entre les administrateurs locaux, capturaient des esclaves.
Dès 1525, Affonso décida de contrôler le trafic négrier. À cet effet, il mit sur pied un corps d'inspecteurs mixte (deux financiers congolais pour un portugais) auquel tout achat d'esclave devait être notifié. Cette mesure se traduisit par un accroissement des raids frontaliers : faute de pouvoir capturer des esclaves au Congo. les Congolais allèrent en chercher à l'extérieur. C'est ainsi qu'en 1530 cinq mille esclaves environ furent convoyés de Mbanza Kongo à Mpinda, puis de là au Portugal, via Sào Tomé.

Le Congo du XVIe siècle n'était fort et structuré qu'en apparence‑, en fait, le royaume était miné, et son indépendance se trouvait sans cesse remise en question. Les puissances européennes s'intéressaient de plus en plus à ce pays dont on vantait les richesses en or, en argent et en cuivre. Du point de vue interne, les artisans et les clercs préféraient se prélasser à la cour plutôt que d'accomplir leur tâche. L'insubordination était latente. Il suffisait qu'elle gagnât les administrations de province pour que le Congo éclatât, victime de luttes d'influence. Bientôt, une opposition au Mani Congo s'organisa. Vers 1530, des factions organisées apparurent. À ces difficultés plus ou moins sous‑jacentes se joignirent les problèmes nés du commerce des esclaves. En effet, nombre de commerçants congolais s'associèrent à des trafiquants de Sào Tomé pour développer le trafic. L'influence des villes s'en trouva d'autant consolidée. Pour lutter contre le contrôle institué par Affonso, les marchands encouragèrent les chefs locaux à se rebeller contre l'autorité centrale. Affonso, conscient du danger que représentaient ces manoeuvres, s'attacha à les combattre, et ce dès 1526. A cette date, il interdit la prospection minière. Par cette mesure, il espérait contrecarrer une invasion éventuelle de la part des Européens. En juillet de la même année, il décida d'expulser tous les Blancs, à l'exception des enseignants et des missionnaires. Trois mois après, victime de pressions multiples, il revenait sur sa décision.

Le Mani Congo considérait que l'oeuvre d'évangélisation menaçait, à terme, les fondements traditionnels de son pays, la structure du pouvoir, ainsi que la culture congolaise. En fait, il semble que une christianisation à outrance eût permis au Congo de se faire reconnaître sur la scène européenne : le Vatican, en effet, représentait la seule instance internationale structurée et, par là même, la seule qui fût capable de s'opposer aux visées de Lisbonne. Cela dit, et contre toute attente, le Saint‑Siège appuya la position portugaise. C'est ainsi que la présence des prêtres, puis des missionnaires (surtout à partir de 1640), loin de contribuer à l'épanouissement du Congo, ne sera finalement qu'un ferment supplémentaire de désagrégation.

C'est donc sous le règne d'Affonso que les facteurs de la décadence congolaise apparurent : la traite. la soumission économique aux puissances, I'influence de l'Église et l'ingérence des Portugais dans la vie politique locale. Dans les dernières années du règne du Mani Congo, le royaume fut en proie à des contradictions qui, en plusieurs siècles, le détruisirent. Dès 1540, huit Portugais ,entaient d'assassiner Affonso; à la mort du souverain (entre 1541 et 1545), son successeur, Don Pedro ler fut soutenu par la plupart des Portugais résidant au Congo. Un peu plus tard, Don Pedro fut renversé par une révolte populaire.

Don Diogo accéda au pouvoir en 1545. Contrairement à son prédécesseur, cet homme fut soutenu à la fois par le peuple et par la fraction des Portugais liée à Lisbonne.
L'année même de son avènement, Don Diogo tenta d'obtenir du souverain du Portugal qu'il renouvelât le traité de 1517, ce traité, rappelons‑le, établissait le monopole du Mani Congo sur le commerce du pays, tout le trafic devant alors passer par le port de Mpinda. Mais, si l'on en croit les écrits laissés par Diogo, Sâo Tomé s'efforça de briser le monopole et d'asphyxier Mpinda : les vaisseaux envoyés ne permettaient que le tiers des esclaves rassemblés.

D'un autre côté, la contrebande se développait à partir de la côte angolaise en direction de Sâo Tomé. Les Européens eux‑mêmes, du reste, attentaient à la puissance économique du royaume; en 1548, le Mani Congo arrêta des Portugais accusés de piller les pêcheries de Mzinbi. À long terme, ces agissements étaient de nature à créer une inflation. Don Diogo s'inquiéta de ces pratiques; en 1549, il réclama le droit de juger lui‑même les Blancs résidant au Congo.

Le gouverneur de Sâo Tomé, quant à lui, se plaignit de la discrimination dont étaient victimes les commerçants portugais par rapport aux commerçants congolais. Il prétendit que les meilleurs marchés leur étaient fermés et que l'on exigeait d'eux des taxes trop élevées. Le gouverneur demanda au souverain portugais de soutenir Don Pedro, le rival malheureux de Diogo Ier. De plus, il proposa d'instaurer l'embargo sur le trafic de Mpinda et de commercer directement avec la région de Luanda.
Bien que ses rapports avec les commerçants blancs fussent plus tendus qu'à l'époque d'Affonso, Diogo parvenait néanmoins à contrôler le négoce de son pays. Les Européens ne pouvaient circuler librement à l'intérieur du Congo; c'est ainsi que se perpétuait l'ancien système des caravanes conduites par les pomberios (guides métis et africains) et. par là même, la situation de Mbanza Kongo, véritable plaque tournante du commerce congolais. La prospérité de la ville, où se rencontraient les Intermédiaires locaux et portugais, atteignit son apogée au milieu du XVIe siècle.

A proximité du palais et de l'église, « les maisons des nobles, rapporte une source parmi d'autres, recouvrent le sommet de la montagne : car chaque grand fonde sa demeure aussi près de la cour que et avec son enclos occupe assez de terrain ire une ville ordinaire ».
Les marchands étaient les premiers à bénéficier de cette prospérité; dans cette mesure, ils soutenaient Don Diogo contre Pedro et Sào Tomé. La puissance du Mani Congo reposait ainsi sur le commerce.

Politiquement, l'ancienne règle de la succession du pouvoir au sein du clan de Ntimu Wene était devenue caduque. Depuis Affonso, le pouvoir se partageait entre ses seuls descendants directs, appelés infantes; ceux‑ci se livraient des combats farouches pour l'obtenir. Signe des temps : aux conquérants investis des pouvoirs religieux traditionnels succèdent des rois très chrétiens. En attaquant la polygamie et les mariages consanguins, le christianisme sapait inexorablement les fondements de l'autorité congolaise. Cela explique que, dès la fin du règne de Diogo, les relations se soient tendues entre l’Église et le pouvoir. Dès 1545, les jésuites s'étaient alliés au parti de Don Pedro et, une fois le complot de celui‑ci découvert, avaient dû fuir le Congo. Cet événement, parmi d'autres, avait fait prendre conscience au Mani Congo des divergences qui le séparaient de l'Église. Ces divergences apparurent au grand jour lorsque Don Diogo s'opposa à son propre confesseur, Gomes. Celui‑ci, après s'être attaqué au concubinage et au mariage entre proches parents, fut contraint de fuir le pays. D'autres religieux le suivirent. Pour autant, le Mani Congo n'en retrouva pas son assise spirituelle.

L'invasion jaga

Alvaro le, succède à Don Diogo en 1565; il entreprend alors de restaurer la grandeur et l'autorité du Mani Congo et de, mettre fin aux luttes intestines qui troublaient la stabilité du royaume. Trois années seulement après son accession au trône, son oeuvre est brutalement interrompue. En 1569, en effet, les tribus cannibales jaga (ou jagga) déferlent soudain sur l'ensemble du pays, faisant montre de la plus grande cruauté, pillant et détruisant les villages , rasant la capitale Sào Salvador et contraignant Alvaro Ier à s'enfuir et à se réfugier dans une île du fleuve Congo.
Le phénomène jaga est un des sujets les plus controversés de l'histoire de l'Afrique noire aux XVIe et XVIIe siècles. Le mot jaga, qui signifie « combattre », est‑il le nom d'un groupe prépondérant au sein d'une ethnie assez hétérogènes Ou cette appellation correspond‑elle à un titre royal? Il semblerait plutôt que les habitants du Congo, victimes depuis toujours d'incursions meurtrières, aient surnommé jaga l'ensemble des groupes anthropophages qui ceinturaient, à l'est, les royaumes du Congo et du Loango, la seule évocation de ces peuplades provoquait d'ailleurs la peur et l'affolement chez les Congolais.
À la suite des incursions jaga, et devant l'ampleur du désastre, Alvaro ler, dans son île, décida de faire appel à ses alliés portugais. La réponse du roi Sébastien du Portugal ne se fit pas attendre : il envoya au Congo cinq cents guerriers, qui, après une compagne de deux ans, repoussèrent les Jaga et rétablirent Alvaro sur son trône.

Le Congo, de l'invasion jaga à la défaite d'Ambuila (1569‑1665)

Même si elle fut d'assez courte durée, l'invasion de Jaga constitua un événement décisif au Congo. Le    pays sort meurtri et ruiné des deux années de trou­bles. quant à l'autorité royale elle aura désormais bien du mal à retrouver le contrôle de tous les territoires congolais.Au terme de ces invasions, c'est finalement l'intervention directe et massive des troupes portugaises qui eut les plus lourdes conséquences. Avant intervention, en effet, les relations lusitano-congolaises avaient eu un caractère apparent de respect mutuel et de coopération. En sauvant la monarchie du Congo, les Portugais placèrent le souverain Alvaro et ses successeurs dans un e position de vassaux. Au cours des années qui suivirent la victoire sur les Jaga, les relations continuèrent d'être bonnes, mais elles se détériorèrent bientôt. Au début du XVIIe siècle, tout en maintenant une garnison à Sâo Salvador, les Portugais changèrent de politique et orientèrent leur diplomatie vers la conquête et la colonisation du N'Dongo, futur Angola.Dès qu'il fut réinstallé dans sa capitale, le roi Alvaro le" s'efforça de restaurer l'autorité du pouvoir central sur les territoires congolais. Pour remercier ses alliés portugais, le Mani Congo avait fait acte d'allégeance envers le roi Sébastien; mais celui‑ci refusa cette soumission, répondant qu'il ne souhaitait qu'une chose : que le Congo restât fidèle à la foi chrétienne et continuât de la développer. Apparemment donc, le pays restait indépendant bien que les troupes portugaises demeurassent sur place, sous la direction d'un gouverneur, Francisco Gouvea, installé à Sào Tomé ‑ et les relations lusitano‑congolaises continuaient d'être excellentes; Alvaro l‑ demanda même à Lisbonne l'envoi de nouveaux missionnaires et de techniciens.Le Congo connut alors un important essor économique; le commerce se développa ‑ notamment avec les Hollandais ‑, portant sur l'ivoire, l'acajou et le cuivre, de nouvelles mines de cuivre furent même ouvertes, des routes furent tracées de part et d'autre du royaume, entre Sâo Salvador et Luanda (ou Loanda, ou Louanda), et les Portugais, installés en grand nombre dans la capitale, amplifièrent le trafic des esclaves, avec la complicité. voire la participation active, des missionnaires européens. Vers 1614, à la mort d'Alvaro Ier, le jeu des alliances se modifia profondément, du moins au Congo et dans les royaumes avoisinants.Les Portugais, qui s'implantaîent de plus en plus en Angola, prirent ombrage de l'influence croissante des Hollandais au Congo. Prétextant que les convictions religieuses de ces calvinistes étaient nuisibles au maintien et à la propagation de la foi catholique au Congo, les Portugais exigèrent d'Alvaro Il qu'il expulsât les Hollandais; mais le souverain, fort du soutien du Vatican (qui désirait briser dans cette région le monopole évangélique des Portugais), refusa de s'incliner; et les Portugais n'insistèrent pas.

Alvaro Ier obtint du pape Clément VIII la formation d'un clergé congolais; depuis 1596, en effet, le Congo était érigé en diocèse avec, à sa tête, un évêque portugais; à partir de 1615, le clergé local s'accrut et entra souvent en conflit avec le clergé portugais, fortement compromis dans la traite des esclaves.C'est d'ailleurs sur le problème du trafic négrier que les relations entre le Congo et le Portugal prirent une tournure franchement hostile. À la suite de fréquentes incursions de mercenaires à la solde des Portugais venus d'Angola pour s'approvisionner en esclaves dans le sud du pays, les habitants de la province méridionale du Mbanba ripostèrent : ils massacrèrent tous les Portugais, missionnaires et marchands, présents dans la province. Les ducs de Nibanba avaient acquis une grande indépendance à l'égard du pouvoir central. et les différents successeur, d'Alvaro Il accédaient de plus en plus difficilement au trône. les luttes ntestines et les querelles dynastiques se multipliant et la royauté elle‑même plongeant dans la décadence. En 1636, le roi Alvaro V, qui était parti en campagne contre le duc Mbanba, trouva la mort au combat et prit le titre de Mani Congo sous le nom d'Alvaro  VI Affonso. Alvaro VI Affonso mourut en 1641, son frère ‑ et successeur ‑ Garcia Il régna jusqu'en 1661. Dernier grand Mani Congo, il restaura la cohésion du pays. Deux événements allaient marquer son règne : l'arrivée de moines capucins, envoyés par Rome pour concurrencer le clergé portugais dans cette partie de l'Afrique; la prise de Luanda (qui était alors aux mains des Hollandais) par le général brésilien Salvador Correia y Benivades (à la solde des Portugais) le 15 août 1648. La chute de cette ville se traduisit, pour le roi du Congo, par la perte définitive de tout contrôle sur celle‑ci et par l'échec de ses alliances avec les Hollandais contre le Portugal.En 1622, Antonio ler Affonso accéda à la charge de Mani Congo et déclara caducs les accords autorisant la libre exploitation, par les Portugais, des mines congolaises d'or et d'argent. Aussitôt, une guerre s'engagea entre les troupes portugaises stationnées au Congo et les armées d'Antonio ler. Celui‑ci fut mis en échec à la bataille dAmbuila (1665), où il trouva la mort. Cette bataille fut décisive pour le Congo, qui plongea soudain dans la décadence et l'anarchie, devenant pour les Portugais un partenaire de second rang.


Après la bataille dAmbuila...

Après la bataille d'Ambuila, on assiste à une décomposition progressive du royaume du Congo; les prétendants au titre de Mani Congo se déchirent entre deux clans, les Kimpanzou, descendants directs d'Affonso ler, et les Kimoulaza, mis en place autrefois par le duc de Mbanba. Le roi Alvaro VII, élu après la mort dAntonio ler, est assassiné en 1666 par le comte de Sohio, qui pousse sur le trône un Kimpanzou, Alvaro VIII. À partir de cette date, ce ne sont plus que luttes de palais, intrigues, complots et assassinats pour la succession. Très rapidement, le Congo se divise en trois royaumes rivaux : ceux de Sâo Salvador et de Boula Lemba sont dirigés par les Kimpanzou, tandis que les Kimoulaza fondent un État sur les rives de l'Ambriz. La guerre est incessante entre ces deux groupes dynastiques; l'anarchie s'étend dans tout le pays et les troubles atteignent leur apogée en 1678.
À cette date, les Kimoulaza parviennent à prendre la ville de Sào Salvador, qu'ils pillent et rasent, incendiant le palais royal et les églises, et emportant les insignes royaux à Boula. Dans ces années de guerre civile, un certain nombre de mouvements de résistance et de renaissance sont organisés par le peuple; ces mouvements sont souvent d'inspiration religieuse et messianique, mais ils ont aussi une nature éminemment politique. Conformément aux voeux de tous les Congolais, ils visent, en réagissant aux excès des prétendants au trône que soutiennent des missionnaires portugais, à restaurer le Mani Congo dans ses prérogatives nationales et à retrouver la splendeur du royaume réunifié, telle qu'elle existait sous le règne d'Affonso ler.


Le plus important de ces mouvements messianique fut celui dirigé par la prophétesse Kimpa Vita, baptisée Dona Béatrice. Cette femme peu ordinaire est souvent comparée à Jeanne d'Arc, car elle eut une destinée un peu similaire à celle de l'héroïne française. En 1704. les dignitaires du royaume, excédés par la guerre civile, avaient porté sur le trône de Sào Salvador un membre du clan Kimpanzou. le roi Pedro IV. Chacun espérait que ce roi entreprendrait aussitôt l'oeuvre de restauration tant attendue par le peuple congolais. Mais Pedro IV était un homme faible et craintif. Par peur du roi de Boula il s'était réfugié ‑ et ce, dès son accession au poste de Mani Congo ‑ dans la montagne escarpée de Kibangou, aux sources du fleuve Ambriz. Çà et là, des groupes religieux, se prétendant inspirés par la mère de Dieu et par saint Antoine, prophétisaient un châtiment divin si le roi ne réintégrait pas sa capitale de Sào Salvador.


Certains de ces prophètes, tels Francisco Cassola ou la Congolaise Mafuta, avaient joui d'une grande renommée; mais ce fut Dona Béatrice qui, à partir de 1704, par ses pressions et ses prières, obligea le roi à réintégrer sa capitale. Le souverain, d'ailleurs, obtempéra difficilement (quatre années lui furent nécessaires pour couvrir une distance qui réclamait normalement deux jours de marche). Ce fut seulement le 15 février 1709 que le monarque prit d'assaut Sào Salvador et s'y réinstalla. Entre‑temps, la prophétesse Dona Béatrice avait acquis une très grande audience auprès du peuple congolais. Comme l'écrit l'historien Ibrahima Baba Kaké : « Son enseignement se voulait purificateur : lutte contre le désordre moral, les vulgaires superstitions, les féticheries. »Mais Dona Béatrice, dans ses prédications, allait de plus en plus loin : elle affirmait que les Noirs avaient leurs saints tout comme les Blancs, et même que le Christ était noir, originaire du Congo. Surtout, poursuit Baba Kaké, « elle mit en cause les prêtres étrangers, les accusant d'avoir monopolisé la révélation et le secret des richesses qui lui est associé. L'austérité morale qu'elle exigeait des Congo se justifie par sa volonté de restaurer le royaume dans sa grandeur, puis d'édifier une société sans mal et sans misère, semblable à celle que les ancêtres ont construite dans le monde d'en dessous ».


Les attaques de Dona Béatrice contre les étrangers furent à l'origine de sa chute; le clergé portugais et les moines capucins organisèrent une cabale autour de Pedro IV pour éliminer la prophétesse, dont les succès étaient très vifs non seulement auprès du peuple congolais, mais encore dans le proche entourage du roi; le général en chef du royaume et l'épouse de Pedro IV s'étaient eux-mêmes convertis. Malheureusement pour Dona Béatrice, sa vertu n'était pas aussi rigide que celle de Jeanne d'Arc : elle se laissa séduire par un de ses compagnons, « sào Jâo », qui lui donna même un enfant. Le roi, arguant de cette contradiction entre les discours de la « sainte » et la corruption de sa vie privée, appuyé par les théologiens européens qui dénonçaient la folle hérésie, fit capturer Dona Béatrice. Après un jugement où elle exprima tous ses sentiments « de contrition », la prophétesse fut brûlée vive en 1706.


Comme nous l'avons dit plus haut, Pedro IV ne regagna Sâo Salvador que trois ans plus tard, en 1709 A partir de cette date, les notables décidèrent que les futurs rois du Congo seraient élus alternativement dans le clan des Kimpanzou et dans celui des Kimoulaza. Cette mesure, si elle mit fin à la guerre civile. ne suffit pas à restaurer la puissance des Mani Congo. Au cours du xviiie siècle, ceux‑ci, tout en entretenant les rituels traditionnels d'intronisation, n'étaient, au sein d'un royaume éclaté, que de petits chefs parmi d'autres. En revanche, ''État voisin, le royaume d'Angola, placé sous la coupe des occupants portugais, devenait le pôle central de la région côtière.


La montée de l'Angola

On a déjà mentionné le déplacement des intérêts portugais, après leur victoire sur les Jaga au Congo, en 1569. Alors que les Mani Congo, alliés traditionnels des Portugais, s'enfonçaient dans la décadence, ces derniers entreprenaient la conquête du N'Dongo; il ne s'agissait plus pour les colons européens de nouer des relations de coopération et de commerce avec des arrière‑pensées évangélisatrices comme ils l'avaient fait avec les rois de Sâo Salvador; il leur fallait conquérir par la force et dominer un pays qui leur servirait désormais de réservoir d'esclaves.


Au début du XVIe siècle, le royaume du N'Dongo ne couvrait qu'une petite partie de ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui l'Angola; il correspondait à l'arrière‑pays de l'île de Loanda, entre les rivières Benga et Kouenza ; ce royaume. dirigé par un chef appelé le Ngola, s'enfonçait à 400 kilomètres à l'intérieur des terres; il était peuplé de cultivateurs dont la composition ethnique était, à peu de chose près, la même que celle qui existait au Congo. Dès le début du XVIe siècle, des trafiquants portugais installés à Sâo Tomé commencèrent à prospecter l'île de Loanda, et le Ngola demanda même à Lisbonne l'envoi de missionnaires pour son pays, l'Angola.
Ce faisant, le Ngola ouvrait la voie à l'invasion de son royaume. Il faut savoir, en effet, que les missionnaires, loin de satisfaire uniquement aux mobiles humanitaires qui les poussaient en Afrique, préparaient la venue des explorateurs, ceux‑ci, à leur tour, ouvrant les portes du continent noir aux armées européennes. C'est très exactement ce qui se produisit pour l'Angola : les Portugais conquirent le royaume brutalement et sans tenir compte, comme ils l'avaient fait pour le Congo, des mentalités autochtones. Dias de Novais fut envoyé au N'Dongo, débarqua à Luanda en 1575 et guerroya jusqu'à sa mort (1589), mais le Ngola ne fut chassé qu'en 1620 et la conquête s'achèverait en 1670 seulement. Entre‑temps, la soeur du Ngola avait, en 1623, demandé une trêve aux Portugais. Ceux‑ci, espérant obtenir un succès qui s'étendrait à toutes leurs possessions, acceptèrent la demande de transaction et baptisèrent la reine, qui devint Dona Anna.


Cependant, Dona Anna entendait ne rien abdiquer de sa puissance. À la tête de bandes armées jaga, elle entama la résistance, qui fut réprimée durement par les Portugais. La suite des relations entre eux et les Angolais, du moins durant le XVIIe siècle, est à l'image de ces péripéties : après l'échec des troupes jaga, Dona Anna prit contact avec les Hollandais, qui, dans les années 1640, participèrent à la guérilla angolaise contre la puissance portugaise. C'est alors que Lisbonne s'allia aux Brésiliens et finit par battre Dona Anna et les Hollandais.


Cette arrivée des forces brésiliennes allait peser d'un grand poids sur la suite des événements en Angola. En effet, les Portugais consentirent au général brésilien Salvador Correia y Benivades un droit ce regard sur le trafic des esclaves, et c'est ainsi qu'a partir de 1660 des bateaux chargés de bois d'ébène ‑ partirent pour le Brésil. En 1663, à la mort de Dona Anna. VAngola était devenu une colonie Portugaise.
Un siècle et demi plus tard, quand le Congo ,ombra dans l'anarchie, Lisbonne fit de l'Angola une de ses bases stratégiques les plus importantes en Afrique.
 

 

Source : http://doc-aea.datapps.com/ 

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