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IBANDA KABAKA ONLINE
8 novembre 2009

L'échec annoncé des négociations climatiques multilatérales de Copenhague:acteurs et intérêts en présence.

La Conférence de Copenhague sur la lutte contre le changement climatique : un échec annoncé au regard de la divergence des intérêts  et des acteurs en présence ? Par  Ibanda Kabaka Paulin , Economiste

 

La Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de Copenhague, qui se déroulera du 7 au 18 décembre 2009, est la 15ème Conférence annuelle des Parties à la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques dont l’objectif est d’accoucher d’un accord qui donnera une suite au Protocole de Kyoto. Ce protocole de Kyoto négocié en 1997, ratifié par 175 pays, est entré en vigueur en février 2005 après la ratification par la Russie (175 pays l’ont ratifié à ce jour). Le principe de donner une suite au Protocole de Kyoto, qui arrive à son terme en 2012, a été arrêté lors de la Conférence de Bali en 2007 alors que le GIEC(Groupe International des Experts des Nations Unies sur le changement climatique) venait de remettre son 4ème rapport. Ce rapport a clairement établi que pour limiter les effets néfastes dus au changement climatique pour la planète et ses habitants, il fallait limiter l’augmentation de la température moyenne du globe à 2°C, chose qui nécessiterait de stabiliser les émissions mondiales de GES (gaz à effets de serre) par rapport à leur niveau de 1990 avant 2020, et de les réduire de moitié d’ici 2050. Rappelons que le Protocole de Kyoto prévoyait un engagement chiffré d'atteindre en 2012 une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 37 pays industrialisés d'environ 5 % en moyenne par rapport à 1990.

 

1. Les acteurs en présence.

 

Par rapport à leur impact sur le changement climatique et leurs émissions de GES, il y a plusieurs acteurs qui sont impliqués dans les négociations climatiques multilatérales notamment les pays industrialisés du Nord, la Chine, les pays émergents, les pays forestiers tropicaux et les restes des pays.

Les différents aspects qui doivent être débattus à Copenhague sont entre autres:

·        le développement des énergies renouvelables

·        la réduction du recours aux énergies fossiles

·        l'amélioration de la performance énergétique des bâtiments

·        les contraintes sur certaines industries polluantes

·        le recours aux véhicules moins émetteurs de CO2

·        le développement des transports collectifs...

·        … et le rôle de la forêt dans le stockage du gaz carbonique et dans la régulation du climat mondial.

 

1.1. Les pays industriels du Nord.

Les principaux pays industriels du Nord et le Japon comptent parmi les plus gros émetteurs des gaz à effets de serre. Leurs contributions aux émissions de GES d’origine anthropique sont ainsi réparties : les Etats-Unis 20%, l’Union Européenne 14%, la Russie 6% et le Japon    .

1.2. Les pays émergents

Il s’agit des pays nouvellement industrialisés qui sont des clients très actifs dans les émissions des GES. C’est le cas de la Chine (21%), de l’Inde avec 4 % des émissions et du Brésil.

Ils se sont alignés derrière la Chine et souhaitent faire porter la responsabilité de la situation écologique aux 3 autres principaux pays émetteurs (USA, Europe et Japon). Dans ce contexte l’argument de la Chine est d'attribuer la cause de l'augmentation des GES à la demande de biens à destination des pays développés, mais manufacturés dans les pays émergents. Ce qui revient à mettre en évidence que les pays développés « font faire » leur émission de carbone par les pays pauvres. Il y a aussi toute une exportation des industries polluantes à destination des pays émergents à considérer.

 

1.3. Les Pays forestiers tropicaux

Depuis que le rôle de la forêt contre le changement climatique a été prouvé, la forêt a été déclarée bien public mondial. Tel est le cas des forêts tropicales répartis en trois grands massifs forestiers (Amazonien, Congolais, Asie du Sud-Ouest).

Par ailleurs des études récentes ont démontré que 20% des émissions de GES proviennent de la déforestation, dès lors l’importance des pays forestiers dans la réduction de ces émissions a été démontrée.

1.4. Les Pays victimes du comportement pollueur

Essentiellement l'Afrique, à l'exception de l'Afrique du Sud, et ils réclament la réparation aux pays producteurs de gaz à effet de serre qui aujourd'hui exploitent leurs pays et les maintiennent sous pressions (dette du tiers monde, exportation des industries polluantes, exploitations de richesses naturelles, concurrence agricole déséquilibrée, etc.).

 

2. Les intérêts en présence.

  2.1. Les intérêts des pays industriels.

Bien qu’il soit établi que l’actuel modèle économique sur lequel est assis la croissance des pays industriels, fait la part belle aux aspects économiques d’une production de masse au détriment de la protection des ressources naturelles et de l’environnement, les accords de Copenhague doivent introduire des règles environnementales contraignantes.

Le scénario idéal pourrait se construire comme suit : l'Union Européenne et les États-Unis proposent une politique ambitieuse proche du consensus scientifique et, par là même, tenteraient d'attirer les pays développés qui, devant l'élan provoqué, feraient tomber la Chine et les pays émergents dans l'escarcelle sur la base d'une réduction des émissions de GES.

 

Cependant, il est difficile d'espérer en un tel déroulement, car qui va croire que les pays développés, tels les États-Unis et l'Europe, vont se mettre à brider leurs exigences économiques et financières pour sauver la planète, ils ne semblent pas presser. En fin de compte n'oublions pas qui dirige ces états...

L'Europe a ouvert la danse avec le « paquet climat-énergie » qui est bien en deçà de ce qui avait été discuté, en particulier au printemps 2007, et qui réduit fortement l'efficacité écologique nécessaire pour agir sur le climat.

De son côté, aux États-Unis, l'Administration Obama a fort à faire pour convaincre les deux forces politiques en présence (Démocrates et Républicains), surtout pour réussir à se distinguer de la politique catastrophique menée par l'administration Bush. En effet, les représentants américains des Etats industriels du Nord et ceux des Etats pétroliers ainsi qu’agricoles ne veulent pas entendre parler de ces réductions des émissions de GES qui vont accroître les coûts de production des entreprises de leurs Etats, ce qui est synonyme de la fin de leur avancée économique.

Par ailleurs, il faut engager le développement des énergies renouvelables (biomasse, éolienne, solaire, photovoltaïque, biocarburants…). En outre, pour les Américains, ils prennent comme année de référence de réduction probable de leurs émissions 2005 au moment où l’année de référence du protocole de Tokyo est 1990. Le comble est que les USA ont augmenté de 50% leurs émissions de 1990 à 2005. Ce qui est une tricherie énorme.

Les Européens, fort de leur avance (bien que minime dans les faits avec le « paquet climat-énergie ») voudront relâcher leur effort pour inciter les États-Unis à se mettre au niveau européen. La Chine, pour sa part, compte les points dans cet échange bilatéral entre les deux puissances et essaiera de se dédouaner tant que faire se peu en reprenant l'antienne vue plus haut sur la responsabilité écologique.

Enfin de compte, les Etats industriels du Nord sont frileux à sortir de l’argent pour financer  la protection de la planète comme l’atteste la position des ministres des finances du G20 en Ecosse le 7 novembre 2009, soit un mois avant la Conférence de Copenhague.

2.2. Les intérêts des pays émergents.

Ces pays sont les grands bénéficiaires de l’état actuel des choses car ils développent leurs économies grâce à l’expansion de leurs exportations vers les pays du Nord. Pour la Chine qui est le plus gros pollueur du monde, elle attribue la faute aux pays du Nord qui l’obligent à augmenter sa pollution  pour soutenir leur consommation car la Chine est devenue l’usine du monde.

Pour la chine, les pays du Nord doivent réduire 40 % des émissions de GES à la source (c’est-à-dire au Nord) d’ici 2020, c’est pourquoi ils sont contre le MDP (mécanisme de Développement Propre) qui permet aux opérateurs pollueurs du Nord de promouvoir de projets de séquestration de carbone au Sud sans que ces opérateurs fassent de réduction chez eux au Nord.

2.3. Les intérêts des pays forestiers tropicaux.

A cause du caractère des biens publics mondiaux de leurs forêts, les PFT exigent depuis 2005 le financement de leurs politiques de préservation forestière dans le cadre de la gestion durable des forêts. La légitimité de ce financement de la gestion durable des forêts tropicales provient d’une part de la déforestation évitée qui fait peser un coût d’opportunité important à ces pays et d’autre part, de l’existence du principe pollueur-payeur. Au nom de quoi les uns seront-ils entrain de polluer au moment où les autres doivent dépolluer avec leurs forêts, sans rémunération, tant qu’il est établi que les pollueurs le font car ils gagnent de l’argent ? Voilà la question morale et d’éthique qui justifie la REDD (mécanisme de Réduction des Emissions des gaz à effets de serres dues à la Déforestation et à la Dégradation des forêts). En effet, celui qui pollue doit payer. C’est une question de justice morale.

3. Risque d’échec de la Conférence de Copenhague.

Le risque d’échec des négociations climatiques lors de la Conférence de Copenhague est évident :

-        les lobbies industriels (industries, pétroliers, électricité, transporteurs,…) qui sont des gros pollueurs ne relâchent pas leur pression sur leurs dirigeants politiques en l’occurrence aux Etats-Unis et dans les autres pays industriels afin qu’ils ne prennent pas d’engagement en décembre 2009 quant aux objectifs chiffrés de réduction des émissions de GES.

-        L’argumentation fallacieuse de la Chine et de l’Inde qui se font passer pour les victimes de la consommation accrue des pays du Nord manifeste de sa volonté de ne pas réduire illico ses émissions de GES d’origine anthropique.

-        La réticence des principaux Pays pollueurs à financer la lutte contre le réchauffement climatique au prétexte que les caisses sont vides du fait de la crise financière de 2007.

-        L’obstination des PFT (pays forestiers tropicaux) à obtenir des financements massifs au titre de la REDD, sinon ils quitteraient la table des négociations.

Toutes ces quatre raisons sont des facteurs objectifs vers un échec des négociations de Copenhague. Pourtant, il suffisait:l’engagement fort de réduction de la part des pays les plus développés ;la mise au point d'un mécanisme de financement pour utiliser des fonds venant des pays du Nord vers les États pauvres afin de les aider à faire face au changement climatique ainsi que l’ engagement des pays émergents à réduire leurs émissions à long terme pour que cette conférence soit un succès.

Compte tenu de leur poids politique et économique à l'échelle de la planète un accord sans intégrer au moins les 3 principaux émetteurs (Chine, USA et Union Européenne) de GES n'aurait aucune chance d'aboutir à des résultats concrets

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